Le Covid-19 va-t’il rebattre les cartes de la consommation ?

Confinement #Jour10

Un peu plus d’une semaine sans magasins dits « non indispensables à la vie du pays », la vie des Français s’organise autour des achats de 1ère nécessité, réalisés essentiellement dans les hyper et supermarchés ou magasins de proximité alimentaires. Le virus gagnant chaque jour du terrain, ces achats s’organisent davantage, sont moins fréquents et tournés vers l’essentiel.

Le Covid-19 est-il une parenthèse pour l’histoire de la consommation ? Ou au contraire un accélérateur de changements ?

Éléments de réponse issus de mes expériences & observations…

Depuis 18 mois, je suis freelance, après plus de 14 ans de salariat. Quel lien avec l’épidémie me direz-vous ? Le télétravail dont on parle beaucoup ces jours-ci, et pas seulement, un changement de paradigme dans ma consommation.

En premier lieu, ma maison qui était jusqu’alors et uniquement mon lieu de vie, est devenue mon lieu de travail à 100%, à la fois pour mon activité de freelance et aussi pour mon activité Airbnb lancée parallèlement. Ces nouveaux projets, couplés à des travaux d’aménagement, ont indubitablement changé mes priorités de consommation.

J’ai ainsi revu ma mobilité au quotidien dans tous mes déplacements. Le vélo a pris une place prépondérante pour mes trajets locaux ; quant à la voiture, elle est dorénavant partagée ou remplacée par le train.

Etant le plus souvent à la maison, mes besoins vestimentaires se sont simplifiés et c’est assez naturellement que j’ai mis en vente ou donné les vêtements que je ne porte plus tout en veillant à recycler ceux qui peuvent l’être. Les plateformes de seconde main telles que Vinted, leboncoin ou Facebook marketplace sont devenues des réflexes pour vendre et acheter des articles tout en procurant une forme de satisfaction de redonner une deuxième vie aux objets.

J’ai aussi déclaré la guerre définitive aux emballages superflus dans mes achats du quotidien ! J’ai décidé de fabriquer moi-même mes produits d’entretien ou d’hygiène. Le vrac, le recyclable sont devenus la norme, le jetable à bannir !

Pour mes investissements plus conséquents, je privilégie la qualité en préparant mes achats et en sélectionnant des articles à la fois durables et responsables.

Less is more… moins mais mieux… moins pour plus d’inventivité… moins pour réinventer ce que je possède déjà. N’est-ce pas ce que l’on vit aujourd’hui en cette période de confinement ?

Je m’appuie sur mon expérience personnelle parce que je sais qu’elle n’est pas isolée. Pour des motifs économiques, écologiques, éthiques… beaucoup de Français commencent à entamer des virages dans leur manière de consommer.

Pour preuve, 4 Français sur 10 font le choix de la seconde main dans leurs achats vestimentaires selon une étude menée en 2019 par l’Institut Français de la Mode. Les ventes de vélo continuent de progresser chaque année, boostées par les vélos à assistance électrique qui ringardisent les deux-roues motorisés. Du côté du vrac, il n’y a qu’à regarder l’essor des nouveaux magasins de centre-ville et les linéaires de la grande distribution pour comprendre que la tendance n’est pas anecdotique.

Et maintenant, qu’allons-nous faire de tout ce temps, comme dirait la chanson… Le coronavirus nous confine, pour les plus chanceux d’entre nous, et nous oblige à nous recentrer sur « les achats de 1ère nécessité ». Le e-commerce, lorsqu’il n’a pas baissé le rideau, se concentre en effet désormais sur les produits essentiels au bon fonctionnement de notre société confinée. Fini le shopping et les achats d’impulsion en ligne…

Comment réagissent les Français ?

Observons les réseaux sociaux ou les médias pour comprendre qu’ils font avec… avec ce qu’ils ont déjà et qu’ils ont oublié, en réinventant le quotidien plus simplement, sans superflu et avec une pointe de créativité. Un nouveau réflexe, une philosophie, qui, si le confinement prend de l’ampleur, pourraient aussi se développer.

Alors, quid de la fin du confinement? Boulimie de consommation ou nouveau régime non alimentaire ? Chasser le naturel d’une société de consommation, il revient au galop… Chacun souhaite évidemment que l’économie reprenne rapidement des couleurs. Mais chacun aura aussi expérimenté le confinement en se disant que ce modèle de consommation imposé, moins frénétique, plus responsable, est aussi, peut être, plus épanouissant.

Le Covid-19 est concomitant à une prise de conscience grandissante du côté des consommateurs qui, pour certains d’entre eux, sont déjà devenus des consom’acteurs. Profitons de cette période de jeûne de la consommation pour nous interroger sur nos réels besoins, sur l’empreinte écologique de nos choix quotidiens et sur le monde que nous voulons transmettre aux générations futures.

Nous avons les cartes en main, à nous de les distribuer…